Entrez, c'est ouvert !
Cinq ans à accompagner plus de cent tiers-lieux et une chose les rassemble : l’accueil inconditionnel, cette volonté de proposer des activités pour tous. À la question « À qui s’adresse votre lieu ? », j’entends : « À tout le monde ! », « Au grand public ! ».
Réalité ? Utopie rêvée ? Quelle méthodologie associée ?
Car de l’autre côté du miroir, j’entends aussi : « Tiers-lieu quoi ? Ce truc de bobos ! » — comme si cette volonté d’aller vers se transformait en gentrification involontaire, aux yeux de ceux qui devraient en être les premiers acteurs.
Les tiers-lieux sont pourtant au carrefour de la société, et s’ouvrent à celles et ceux qui veulent s’y impliquer. Mais dans les faits ? Le simple fait de proclamer cette ouverture suffit-il à la faire exister ? Comment crée-t-on le désir de venir ?
Faut-il le créer d’ailleurs ? Et surtout, qui doit décider de ce qui rassemble ?
« Mais pourquoi on a inventé des frontières, maman ? C’est pour ça qu’il y a la guerre ! On peut pas penser un seul pays, où tout le monde, même si on est différent, est joyeux d’être ensemble ? »
Raphaëlle, 9 ans, et son bon sens éco-humaniste
Les tiers-lieux ont un rôle crucial à jouer dans la transmission d’une culture du faire-ensemble. Oui, l’esprit coopératif se (ré)apprend. Et il doit permettre à chacun·e de trouver sa place, quel que soit son genre, sa religion, sa culture, sa classe sociale,… Chacun·e à son rythme, peut s’inscrire dans l’escalier de l’engagement, comme j’aime à l’appeler, et même les marches les plus hautes doivent être accessibles !
Et puis… parler d’inclusion, n’est-ce pas déjà penser les gens en dehors, comme s’ils devaient être « ramenés » ?
J’entends ici la voix de Fatima Ouassak, qui critique à juste titre une vision patriarcale, ghettoïsante, de l’inclusion*. Parce qu’in fine, ne sommes nous pas forcément plus pauvre qu’autrui ?
Et pauvre de quoi d’ailleurs ? Le pouvoir premier des tiers-lieux est celui des intelligences qui le composent !
Alors continuons le chemin du FAIRE AVEC et de la COCONSTRUCTION, à l’heure où les fossés se creusent.
Les tiers-lieux ont un rôle majeur dans les Transitions : non pas pour simplement développer le pouvoir d’agir (ce qui revient déjà à traiter un symptôme non ?), mais pour cultiver un véritable pouvoir d’humanisme collectif.
Eugénie DA ROCHA,
Fille d’immigrée née ici, de nulle part et de partout
*Fatima OUASSAK, Pour une écologie pirate, et nous serons libres, La Découverte, 2023, 198 p.
SOMMAIRE DE LA REVUE
Parlez après le Bip Sonore
- Les Yeux dans les Yeux
- La pédagogie au service de la Transition Juste, en milieu rural
- Les communs des féminismes
- Bye Bye Binary (BBB), Expérimenter la typographie, la police, la fonte, l’écriture inclusive post-binaire...
- Prendre la parole
DOSSIERS
- FEED BACK : Quelle signification donner à l’inclusion en tiers-lieu ?
- EN CHANTIER : Tiers-lieux, là où disparaissent les inégalités de genre ?
- RADIO MOQUETTE : Accueil et inclusion inconditionnelles dans les tiers-lieux
La Bonne Recette
- L’inclusion avec La Traverse
Tronche de tiers-lieux
- Le Joli Mai, le Fait-Tout et la Ferme des Possibles
Mode d'emploi
- Pour hacker le patriarcat des FabLabs
- Pour une inclusion numérique par le Faire
L'Avis de l'expert•e
- Aider mieux dans les tiers-lieux ou comment dépasser les bonnes intentions
CONTRIBUTIONS
Mélissa Gentile, Sophie Baux, Tiphaine Verrier de la Coopérative Tiers-Lieux ; Eugénie Da Rocha ; Hélène Rassis de la Maison de Bieujac et Lalao Pham Van Xua de la compagnie SOns de tOile ; Nora Sananes de l’association tandems ; Sarah Le Guennec du CD93 ; Mihaela Cretu ; Chloé Rivolet de la Coopérative Tiers-Lieux ; Clém Mainpin de L’Établi ; Marion Blaquière et Léa Riverain de La Traverse ; Rajaa Nouali du FabLab de Nîmes ; Nathalie Chauvac de Scool ; Peter Wollny d’AciLab ; Antoine Ruiz-Scorletti, Rémi Mauvoisin, Clément Manidren du RoseLab ; Louis Salgueiro de RhinOcc ; Karine Machat de la Coopérative Tiers-Lieux ; Amandine Grimbert de Hact ; Pauline Palassy.
