Vivants – Hybrides les tiers-lieux restent en mouvement, attentifs aux besoins de leurs utilisateurs mais pas que ! Bien ancrés, ils dépassent les intérêts tant des individus que du collectif qui les composent pour s’ouvrir au territoire dans une démarche motivée par l’intérêt général.
Des pistes d’amélioration – Si les tiers-lieux sont largement ouverts à tou.te.s sans distinction de profil et de statut (92%), nous regrettons que 42% des tiers-lieux ne soient pas accessibles aux personnes à mobilité réduite. Moins de la moitié des tiers-lieux développent ou ont l’intention de développer une politique autour du handicap. Le besoin de prévention et d’accompagnement en la matière est prégnant. Les petits gestes ne suffisent pas ! Si 52% des tiers-lieux sensibilisent leurs utilisateurs sur les enjeux de transition écologique, ils se doivent, et sans exception, d’être exemplaires en la matière or pour 5% ce n’est même pas un sujet, gageons que le pair-à-pair fonctionne !
La Coopérative Tiers-Lieux observe tous les ans depuis sa création l’évolution des tiers-lieux en Nouvelle-Aquitaine pour mieux anticiper leurs besoins et orienter les politiques publiques en conséquence dans une logique d’autonomisation des tiers-lieux et de pérennisation des activités proposées par ceux-ci. Elle vise à encourager les tiers-lieux à travailler sur le projet social qui contribuent à l’épanouissement des personnes accueillies et à développer leur rapport quotidien à l’autre au sein de ces nouvelles “entreprises collectives”.
Au printemps 2020, nous avons oeuvré en partenariat avec France Tiers-Lieux et les réseaux régionaux des tiers-lieux dans le but d’établir un panorama qui donne à voir la réalité des tiers-lieux non plus seulement en Nouvelle-Aquitaine mais en France : leur diversité, leurs richesses, leurs besoins, leurs fonctionnements…
Intentions et méthodologie
Tous les chiffres présentés résultent du Recensement 2020, panorama des tiers-lieux en France et restent de l’ordre du déclaratif. Vous trouverez dans les infographies ci-jointes une synthèse des résultats.
Il s’agit de la première enquête nationale de cette ampleur sur les tiers-lieux, elle devrait permettre d’homogénéiser le niveau d’information sur les tiers-lieux en France (Rapport national des tiers-lieux réalisé par France Tiers-Lieux, à paraître), de comparer les dynamiques d’une région à une autre et de mieux comprendre les enjeux.
Nos données Nouvelle-Aquitaine sont basées sur le retour de 220 tiers-lieux ouverts. Les données des 65 projets de tiers-lieux en cours ne sont pas intégrées. Les questions générales pour décrire le plus fidèlement possible les tiers-lieux régionaux reprennent les interrogations sur les fondamentaux que sont les typologies d’espaces, les activités et services, les modes de gestion entre autres, l’aménagement du territoire, les ressources, la professionnalisation du secteur. Cette année, ces interrogations s’élargissent aux nouvelles solidarités apparues durant la crise sanitaire.
Comme en 2019, nous avons souhaité rentrer dans le détail des activités proposées par les tiers-lieux au-delà de l’aspect locatif des espaces de travail. Révélateur de leur ancrage territorial, la quasi-totalité des tiers-lieux proposent des offres complémentaires qui se (re)configurent en fonction des besoins des utilisateurs. Des focus ont été réalisés notamment sur l’accompagnement et l’orientation, l’offre artistique et culturelle, la formation, l’inclusion numérique et la production qui représentent les plus grands champs d’activités couverts par les tiers-lieux. Signal encore faible mais non négligeable, 8% des tiers-lieux sont reconnus par leur CAF locale à travers l’obtention d’un agrément Espace de Vie Sociale ou Centre Social.
Chacun de ces champs d’activités ont été étudiés notamment selon les entrées suivantes :
- typologies
- formats
- partenaires associés
- modalités de mise en oeuvre
- ressources humaines associées
- caractérisation des publics
98% des tiers-lieux régionaux hybrides
98% des tiers-lieux régionaux hybrides
Parmi les 4 principales typologies d’espaces de travail partagés, les espaces de coworking demeurent majoritaires. Le nombre de fablabs et d’ateliers partagés a fortement progressé ainsi que le nombre de terres agricoles. Parmi les 220 tiers-lieux répondant, 34% proposent plusieurs configurations de travail, permettant ainsi aux utilisateurs de mener des activités tertiaires et artisanales au sein d’un même espace.
Si les espaces partagés sont très diversifiés, il en va de même pour les activités proposées. 98% des tiers-lieux proposent des offres complémentaires qui viennent enrichir le modèle initial (voir infographie #1.3). Ainsi l’action sociale des tiers-lieux s’amplifie. 37% des tiers-lieux ont travaillé sur des problématiques sociales de leurs publics, principalement la précarité (51%), la citoyenneté (49%) et la parentalité (46%).
A moyen terme ce sont 42% des tiers-lieux qui envisagent de développer une nouvelle activité d’intérêt collectif, 37% qui envisagent de développer une nouvelle activité économique et 38% des tiers-lieux qui envisagent de continuer comme ça contre 68% en 2019. Ambitieux les tiers-lieux ?
Parfois à l’étroit, l’évolution de leurs implantations est encore très présente avec 25% d’entre eux qui projettent d’agrandir leurs espaces et 16% pensent à déménager.
Un maillage en tiers-lieux dense
Un maillage en tiers-lieux dense
L’évolution des politiques publiques et la présence d’acteurs ressources visent notamment à renforcer l’implantation de tiers-lieux dans les territoires les plus vulnérables pour que chaque néo-aquitain trouve un tiers-lieu à moins de 20 minutes de chez lui. Le travail de maillage porte ses fruits puisque l’on recense 280 tiers-lieux en 2020 dont 52% en milieu rural.
Néanmoins, des efforts restent à fournir sur les ex-régions Limousin et Poitou-Charente afin de garantir une répartition équilibrée dans les territoires.
Des tiers-lieux bien ancrés
Des tiers-lieux bien ancrés
Les relations avec les collectivités territoriales continuent de progresser à la fois sur l’intensité des relations étudiées et la diversité des institutionnels concernés. Les partenariats s’ouvrent également avec des liens très forts avec des structures de l’animation locale (61%), les acteurs de la transition écologique (48%), les acteurs du développement économique (47%), les structures jeunesses (37%) et les acteurs de la formation (35%).
Le tandem bénévoles et salarié.e.s toujours à la barre
Le tandem bénévoles et salarié.e.s toujours à la barre
Avec 66% des tiers-lieux gérés collectivement par les utilisateurs, la gestion et l’animation des tiers-lieux reste éminemment bénévole. Les bénévoles ne sont pas seulement impliqué.e.s d’un point de vue opérationnel mais également stratégique, le projet de structure de ces espaces est pensé avec / par les utilisateurs pour 67% des tiers-lieux. Enfin dans 98% des tiers-lieux de Nouvelle-Aquitaine, les utilisateurs ont la possibilité de proposer des projets.
1 tiers-lieu sur 2 est aujourd’hui employeur. Le secteur continue de se professionnaliser avec le recrutement de nombreux salarié.e.s, stagiaires et volontaires en Service Civique. Ce sont 362 salarié.e.s présent.e.s dans les tiers-lieux en Nouvelle-Aquitaine. Il est nécessaire de souligner la corrélation entre soutien public et sécurisation des emplois, en effet les tiers-lieux employeurs percevant des fonds publics portent principalement des CDI (66%) contre 30% de CDD et 4% de CDDI.
Enfin les 3 premiers métiers pour faire fonctionner les tiers-lieux se confirment (par ordre d’importance) : facilitateur.rice, chargé.e d’accueil et chargé.e de communication. La compétence “Piloter un tiers-lieu” est désormais reconnue par France Compétences, une victoire pour la Coopérative Tiers-Lieux qui travaille à la sécurisation des parcours des personnes œuvrant quotidiennement dans les tiers-lieux.
Les grands axes de travail de la Coopérative Tiers-Lieux en Région Nouvelle-Aquitaine pour un maillage territorial équitable et la pérennisation des implantations sont de :
- favoriser l'ouverture, la mixité et l'accueil de la diversité dans les tiers-lieux,
- éviter le risque de dévoiement des tiers-lieux,
- sécuriser les parcours des personnes oeuvrant quotidiennement,
- développer les contenus / services avec les tiers-lieux.