Vous connaissez La Smalah ? Comment ça vous ne connaissez pas la Smalah ? C’est un collectif implanté dans les Landes qui travaille actuellement sur un projet de tiers-lieu à St Julien en Born (to be wild (oui j’ai adoré votre jeu de mots)). Ce tiers-lieu proposera des espaces de travail partagés, un fablab, un café associatif, et beaucoup d’autres activités. Ouverture prévue pour le deuxième semestre 2016 !
J’ai rencontré l’équipe de La Smalah un vendredi de février à Bordeaux. La fine équipe organisait un « cowotour » – comprenez « une journée immersive de découverte et d’information sur les tiers-lieux » – à destination des élus et des agents de différentes collectivités de leur territoire et des « faiseurs de tiers-lieux » landais. L’objectif était d’aller à la découverte d’espaces qui ressemblent à ce que le collectif veut faire de La Smalah et de rencontrer des gérants/animateurs de lieux pour bénéficier de leurs retours d’expériences.
Cette riche journée a débuté chez Sew & Laine dans le quartier de la Victoire, s’est prolongée à la Chiffonne Rit sur la Rive Droite de Bordeaux, puis à Darwin pour un temps de travail et une présentation de l’espace. Le voyage au pays des tiers-lieux s’est terminé par une visite de la pépinière d’entreprise Pulseo à Dax et de son fablab Art3fact Lab.
Focus sur deux tiers-lieux visités !
SEW & LAINE
Sew & Laine est une association née en 2011 sous l’impulsion d’Eugénie Da Rocha qui avait pour ambition de faire de l’action sociale et culturelle différemment grâce au matériau textile.
Le projet s’articule autour de 3 éléments : un lieu collaboratif, des projets et des actions en direction des professionnels.
L’espace se situe au 85 cours de l’Argonne à Bordeaux, dans le quartier de la Victoire. C’est un lieu de pratiques autour du textile (du fil et de l’aiguille, des machines à coudre, une machine à tricoter, du tissage, de la broderie, du design textile par le biais de la serigraphie) dans lequel amateurs et professionnels peuvent venir « faire », « utiliser » et avant tout partager leurs compétences et leurs savoir-faire. Les usagers peuvent y trouver des ressources complémentaires grâce à la bibliothèque. Chez Sew & Laine on trouve aussi une mercerie à base de produits revalorisés et/ou éco-responsables (déchets, tissus bio, produits « made in france ») et une collection de kits à faire soi-même afin d’apprendre par l’usage et de permettre à chacun de pouvoir consommer autrement. L’association a d’ailleurs créé sa propre marque textile 100% eco-responsable qu’elle commercialise sous le nom de CHUT.
Sew & Laine s’adresse également aux professionnels et souhaite montrer que le textile est présent dans de nombreux secteurs d’activités, que les connexions et opportunités sont nombreuses. Par exemple en médecine par le biais d’implants cardiaques textiles, ou dans l’architecture au moyen d’isolants faits à partir de déchets textiles.
Dans la catégorie « Comment le numérique peut accompagner la production textile » l’association a travaillé sur une machine à tricoter « vintage » qui date de la fin des années 1970 qu’elle a joliment nommé « Le Tricodeur« . C’est l’une des premières machines électroniques, un outillage très fréquent dans les ménages il y a 40 ans, que Sew & Laine a décidé de hacker* parce qu’ils étaient convaincus qu’il y avait un potentiel non négligeable pour créer quelque chose. Pour schématiser, ils on fait croire à cette machine qu’elle fonctionnait comme à l’époque, avec une disquette, alors qu’elle était en réalité relayée à une tablette qui permet de faire tous les motifs possibles et imaginables. La tablette devient ainsi un outil qui permet de faire des tests et des prototypes à coûts réduits.
Vous l’aurez compris, ici le textile est un support, un moyen pour des publics d’accéder à des pratiques culturelles et de créer du lien social. Cette posture permet à Sew & Laine de travailler avec des acteurs variés comme des collectivités, des établissements artistiques et culturelles (on peut citer l’Opéra de Bordeaux ou le CAPC) et des petites structures. L’association mène par ailleurs des actions en dehors de ses murs, notamment au moyen d’une caravane, un dispositif mobile qui permet d’investir les territoires et de capter plus facilement les différents publics.
Pour en savoir plus : www.sewetlaine.com
LA CHIFFONNE RIT
L’association La Chiffonne Rit a pour but d’aider, de promouvoir, de diffuser et de développer les activités artistiques et l’économie locale de Bordeaux.
L’histoire commence en 2013 lorsqu’un collectif d’artistes décide de se réunir pour investir un atelier commun afin de donner libre court à leurs créations. C’est en février 2014 que la troupe pose ses valises dans un ancien garage automobile datant des années 1970.
Trois axes de développement font la force de La Chiffonne Rit :
Accéder à un espace de travail
– l’accès à un espace de travail et/ou de stockage à but professionnel et/ou amateur,
– la mise en valeur de chaque créateur en lui donnant se place au sein d’un collectif
Partager et transmettre ses savoirs
– le partage, la mise en commun des savoir-faire, techniques et talents pour favoriser la création tant individuelle que collective.
Promouvoir l’art et l’artisanat
– l’ouverture à un public large pour lui permettre d’aborder le milieu de la création dans une logique solidaire.
Difficile de penser qu’il y a autant de vie, d’activité et de création au bout de la petite rue Reinette … et pourtant, une quarantaine d’artistes et d’artisans partagent cet atelier de 600m2 situé dans le quartier de la Bastide à Bordeaux. Toute personne ayant besoin d’un espace pour créer et souhaitant faire partie d’un collectif est la bienvenue à la Chiffonne Rit ! Menuisier, ferronnier, peintre, photographe, créateur textiles, se rencontrent quotidiennement dans ce lieu à l’univers étonnant, presque fantasque.
La vie du lieu s’organise autour de 7 espaces :
– Le Mobius : bureau en coworking et labo photo
– L’atelier Central : la grande fourmillière
– L’espace ferronnerie : comme son nom l’indique
– La salle textile : ben là aussi, c’est comme le port salut
– Le studio de répétition : tout pareil 🙂
– L’espace 48 : une petite salle au fond de l’entrepôt où l’on peut découvrir art et artisanat
– L’espace extérieur : pour prendre son café au soleil, déjeuner à l’ombre, nourrir la give box …
Bien plus que le partage d’un espace, c’est aussi une vie collective qu’il faut maintenir au sein de l’atelier, avec toute la complexité que cela implique. Le fonctionnement du collectif repose sur des valeurs fortes de partage, de connaissance de l’autre, de mutualisation et de prise de décisions collectives : tous les Chiffonniers sont membres du Conseil d’Administration.
Et toute la bande peut se retrouver autour d’un café grâce au bar associatif situé à l’entrée de l’atelier.
Pour en savoir plus : www.lachiffonnerit.com
ON DIT MERCI À
– La Smalah, of course (coucou Guillaume, Olivier, Deniz et Vincent !)
– Eugénie Da Rocha de Sew & Laine
– Camille et Fabian Gazel de la Chiffonne Rit
– Aurélien Gaucherand de Darwin Ecosystème
– Pol Olory de Pulseo
– ainsi qu’à tous les participants
Et longue vie à La Smalah !!!
*hacker = détournement
Chloé Rivolet