Association Horizon Habitat Jeunes La Rochelle
Gestionnaire de trois résidences Habitat Jeunes dans l’agglomération rochelaise, l’association Horizon Habitat Jeunes est désormais au coeur d’un écosystème voué aux grands enjeux sociétaux, avec des espaces ouverts à la différence, à la complémentarité et au métissage des talents.
A première vue, une résidence Horizon Habitat Jeunes – l’agglomération en compte trois, deux à La Rochelle, la troisième à Lagord – ressemble à un foyer de jeunes travailleurs (FJT). Quoi de plus normal, c’en est un ! Rappelons qu’un FJT est une solution d’habitat social transitoire, destinée aux 16-30 ans au démarrage de leurs vies professionnelles ; qu’ils soient apprentis, stagiaires, salariés voire étudiants. La structure leur apporte un accompagnement et divers services pratiques ; sans oublier des activités culturelles et sportives. Ça, c’est la base. Mais ce n’est pas l’essentiel.
Pour Saint-Exupéry, l’essentiel est invisible pour les yeux. C’est aussi le cas pour Horizon Habitat Jeunes. Si l’association est centenaire, ce n’est qu’en 2015 qu’elle change véritablement de braquet en ouvrant progressivement ses espaces collectifs à des partenaires associatifs et économiques. C’est l’arrivée de nouveaux salariés, fervents adeptes de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui a permis cette transition. Faire de ses trois résidences des tiers-lieux informels est alors devenu l’un de ses principaux axes de développement, au bénéfice des jeunes qui y séjournent.
Favoriser l’hybridation
L’originalité du projet est de proposer des lieux ouverts et à géométrie variable. Depuis cinq ans donc, des dizaines d’associations et d’entrepreneurs locaux, de la petite start-up à la régie de quartier, y nouent quotidiennement des contacts, participent à des événements ou à des formations. « C’est ce que nous recherchons, un écosystème très hétérogène qui favorise l’hybridation », explique Gonzalo Ortiz, médiateur socioculturel à Horizon Habitat Jeunes, par ailleurs maître d’oeuvre de ce programme au long cours. « Pour nous, l’hybridation, c’est le métissage des talents, des savoir-faire, des savoir-être ; métissage qui mène à la découverte et à l’appropriation de nouveaux schémas économiques et à l’écocitoyenneté. Nos espaces permettent la rencontre de personnes qui ne font pas la même chose, qui n’ont pas la même culture, mais qui ont envie de progresser ensemble. La confrontation des différences, dès lors qu’on partage les mêmes valeurs, c’est hautement vertueux. Ensemble, nous trouvons des solutions et des modèles que nous n’aurions pas pu concevoir seuls ».
Sociabilité et solidarité
Horizon Habitat Jeunes conçoit d’abord ses espaces comme des lieux d’échanges et de sociabilité. Ces espaces de liberté – donc de créativité – permettent également de tester la rencontre de publics différents et les questions de la solidarité au quotidien. Naturellement, toutes les actions entreprises par l’association sont co-construites avec ses résidents. L’expérimentation est d’autant plus intéressante que les résidences rochelaises sont situées dans des quartiers prioritaires, là où inégalité rime souvent avec précarité.
Ainsi plusieurs acteurs locaux de l’ESS ont-ils ouvert une « antenne » permanente dans les locaux d’Horizon Habitat Jeunes. Parmi eux, citons : Coopérative d’Activités et d’Emplois Kpacités Les Coopains à bord, la Brasserie des objets (promotion et sensibilisation à l’anti-gaspillage et à la lutte contre l’obsolescence programmée), Net Solidaire (lutte contre la fracture numérique et pour l’égalité des chances), la régie de quartiers Diagonales (aire de compostage et poulailler dédiés à la réduction des déchets et à la sensibilisation au tri sélectif) et remplir les ventres pas les poubelles (sensibilisation au gaspillage alimentaire par la réalisation de « popotes » à partir de denrées destinées à être jetées et récupérées chez des commerçants, grandes surfaces et au marché de La Rochelle). Quelques-unes de ces structures sont elles-mêmes adhérentes à un autre projet de tiers-lieu (La Proue), lequel devrait prochainement voir le jour dans le centre-ville de La Rochelle.
Gonzalo Ortiz, Horizon Habitat Jeunes
Des intentions transformées en acte
- Offrir des espaces d’implication citoyenne
- Pérenniser des lieux d’expériences et d’expressions culturelles
- Rendre utile des espaces sous-exploités
- Tester de nouveaux modèles d’économie sociale et solidaire
- Encourager les interactions entre différents métiers et disciplines
- Ouvrir des espaces de travail collaboratif dédiées aux pratiques émergentes
- Inspirer et transmettre des expériences
Entr-autres : un projet pour re-fabriquer du lien
La question du travail telle qu’elle est adressée à notre jeunesse renvoie à la question de l’identité. A la question « que fais-tu dans la vie », on répond souvent « je suis…. ». Dans nos sociétés occidentales, le travail fait partie intégrante de l’identité sociale. Il permet l’accès à un statut. C’est également un moyen d’accès à l’autonomie car il génère un revenu. Malheureusement le travail est de moins en moins au rendez-vous et cela plonge les jeunes dans un espace-temps d’incertitude inconfortable, voir carrément angoissant.
L’accès au travail aujourd’hui est une vraie galère et en attendant qu’il devienne un droit, l’association Entr-autres a décidé de créer des supports qui permettraient aux jeunes de venir s’essayer en faisant partie d’un collectif. Mais attention, ici le travail n’est pas qu’une équation financière, ou une fin en soi. C’est plutôt un prétexte, un support à la rencontre, un outil de médiation qui permet le lien.
A Entr-autres on envisage et on construit le travail comme un espace où grandir, s’essayer, se rencontrer. En venant à l’association dans le cadre d’une convention de stage gratifiée, les jeunes sortent de leurs étiquettes « décrocheurs », « handicap », « aide sociale à l’enfance » et deviennent des jeunes « entre autres ». C’est avec cette identité « prêt à porter » qu’ils partent à la rencontre de l’autre et d’eux même.
Entr-autres se décline en trois projets qui sont nées au fil des rencontres avec des jeunes dans des institutions. C’est à partir d’eux et des opportunités présentes dans notre environnement que nous avons construit les projets.
Dans le projet Réciprocité les jeunes endossent le costume de vendeur de jus d’orange ambulant à vélo sur les quais de Bordeaux. D’abord en binôme avec un salarié pendant 5 jours, les jeunes découvrent la vente ambulante et les valeurs d’insertion, de santé et d’écologie sur lesquelles s’appuient le projet associatif. Au bout de 5 jours les places s’inversent. Le jeune devient le représentant de l’association et il a pour mission de former 5 citoyens bénévoles qui passeront chacun une demijournée avec lui. L’objectif de ce projet est de permettre à des jeunes de faire équipe avec des citoyens d’horizons différent qui partageront avec eux un moment, un récit de vie, et pourquoi pas un réseau. Le vélo à jus d’orange devient un outils de médiation de rencontre entre les jeunes et les bénévoles. C’est également un outil de médiation entre les jeunes et les consommateurs, chaque jus d’orange pressé à la main devient une possibilité de ralentir le temps et favorise l’échange de récits entre des citoyens d’horizons et de générations différentes. Ces 10 jours sont finalement un bain de rencontres réciproques. Le jeune s’autorise à découvrir l’autre, en prenant appui sur son rôle dans l’association. Les citoyens quant à eux se rendent disponible le temps d’une demi-journée pour partager leur parcours et se rappelle ce que c’est d’avoir entre 16 et 25 ans.
Entr-autres c’est aussi un projet Traiteur qui permet à des jeunes de venir apprendre à cuisiner dans un environnement bienveillant et pétillant. C’est une petite brigade qui se crée le temps d’un stage : ils fabriquent une prestation digne de ce nom à partir de dons d’invendus de la BIOCOOP. Ces espace-temps entre pairs s’improvisent autour de légumes souvent méconnus. Sous l’oeil d’une cheffe rusée qui a plus d’un tour dans son sac, les jeune se surprennent à découvrir de nouvelles recettes et à revisiter leur alimentation.
Enfin, pour les plus réservés l’association a créé un service de maintenance de distributeur de jus d’orange pressé. Ce support permet à des jeunes qui ont besoin de plus d’espace dans le lien de trouver une place dans cet écosystème. Ils sillonnent la ville à vélo en binôme avec un accompagnateur salarié de l’association. A Entr-autres la seule condition c’est de venir à hauteur de ce que l’on peut. L’idée c’est d’apprendre à se découvrir dans le rapport au travail, dans le lien à l’autre et de comprendre sa différence. C’est écrit dans le nom de l’association, ici nous sommes entr-altérité.
C’est en favorisant la flexibilité de nos propositions de stages et en dédramatisant l’absence ou l’erreur, le changement d’envie que nos projets continuent de faire sens auprès de ces adultes en devenir. Ils peuvent donc venir une demi-journée comme un mois, ils ajustent le temps de leur engagement en fonction de leurs possibilités. A la fin de chaque stage, un bilan est proposé au jeune pour qu’il puisse nous donner sa vision du projet et les améliorations possibles, nous oeuvrons avec lui, en essayant d’être au maximum dans une forme d’horizontalité dans le lien. Ils font partie intégrante du collectif et développe un sentiment d’appartenance à l’association. C’est aussi pour cela que nous avons à coeur d’avoir toujours un jeune parmi les administrateurs pour nous ramener sur terre quand c’est nécessaire. L’association devient un point de repère où les jeunes peuvent revenir se poser, donner de leurs nouvelles. C’est parce que nous sommes convaincus que la société à la jeunesse qu’elle mérite que nous avons décidé de nous engager avec elle. Si le travail est une façon de s’inscrire dans la société et qu’il n’est pas au rendez-vous, comment préparer les adultes de demain à notre projet de société ? Les tiers-lieux peuvent-ils devenir un nouveau point d’appuis pour rencontrer leur territoire et trouver un nouveau collectif d’appartenance ?
Sabra Ben Ali, Entr-Autres
L’infolab, un tiers-lieu pas comme les autres
À l’initiative du CRIJ Centre-Val-de-Loire, l’INFOLAB est un tiers-lieu dédié à l’engagement et à l’initiative des jeunes offrant un cadre neutre et ouvert, de partage et de coopération entre les jeunes et les partenaires associés.
L’INFOLAB soutient et valorise l’engagement des jeunes. Il s’adresse à tout porteur de projet âgé de 15 à 30 ans. Il leur permet de bénéficier d’un lieu de travail partagé et collaboratif, d’équipements numériques, d’un espace pour leurs réunions ou événements et d’un accompagnement individuel pour mener à bien leurs projets. Cet espace favorise également l’échange et le partage d’idées et de compétences entre ses membres.
Le but est d’utiliser la culture, les valeurs et les outils que proposent les tiers-lieux (partage, cogestion, émulation, culture numérique, créativité…) dans l’accompagnement de parcours de jeunes, d’offrir un lieu valorisant pour les jeunes et qui met en lumière les qualités de
leurs engagements. De plus, comme tout tiers-lieu, cet outil est un espace d’échange, de partage et de créativité entre des jeunes et moins jeunes venus de tous horizons. Le projet est axé sur 2 objectifs. Le premier est de susciter, encourager et promouvoir les initiatives jeunes. Le second est de favoriser les conditions de la mise en oeuvre des initiatives des jeunes.
Le test d’activité pour favoriser la réalisation des projets des jeunes
Pensé par et pour le milieu agricole et formalisé à travers le Réseau National des Espaces-Test Agricoles (RENETA), le concept d’espace-test apparaît comme une nouvelle façon d’aborder et de permettre l’accompagnement des projets de jeunes dans un territoire. A travers l’Espace-Test pour l’Activité des Jeunes (ETAJ), il s’agit d’expérimenter un dialogue à plusieurs voix sur les fonctions essentielles à réunir pour sécuriser les parcours de création d’activités empruntés par les jeunes (qui sont aussi et d’abord des parcours de vie, des parcours d’apprentissage). Un ETAJ regroupe trois fonctions
complémentaires – couveuse, pépinière, accompagnement – qui peuvent être portées par différents acteurs, et une fonction transversale de coordination afin de devenir un dispositif cohérent. Il s’appuie à la fois sur un ou des lieux de rencontres, de travail et d’expérimentation, sur un réseau constitué pour la mise en place et la réalisation de l’accompagnement, sur de la confiance voire de la sécurité offertes aux jeunes porteurs de projets, et sur l’importance de la mise en réseau des acteurs impliqués dans une logique d’espace-test ou intéressés par la démarche.
Le réseau Piments anime aujourd’hui la dynamique nationale ETAJ dans la perspective de favoriser les interactions entre les différentes structures, les échanges et les travaux entre professionnels de l’accompagnement des jeunes dans leurs initiatives.