Accompagnement à l’entrepreneuriat avec Metroloco, Coop’jeunes et SCOP Jeunesse des 3 Cités

Les tiers-lieux favorisent la coopération entre leurs utilisateurs, dans leurs murs se croisent de nombreux entrepreneurs. Comment encourager la mixité des publics autour de l’entreprenariat ? Comment accompagner les jeunes vers l’entreprenariat ? Retour sur 3 initiatives entrepreneuriales et coopératives de collectifs de jeunes.

Metroloco, un restaurant pas comme les autres !

Equipe

Le Metroloco est un restaurant de plage situé à Tarnos dans les Landes mais c’est aussi une Entreprise Coopérative Jeunesse (ECJ). Un projet qui démontre que l’économie peut être sociale et solidaire !

Tout d’abord qu’est-ce qu’une ECJ ?

C’est avant tout une entreprise (ici un restaurant) qui est confiée à un collectif de jeunes entrepreneur.e.s (de 17 à 25 ans) pour développer une activité équilibrée financièrement et répondant à l’intérêt général (ici la sensibilisation à l’entrepreneuriat collectif dans l’ESS, la promotion des circuits courts alimentaires et des dynamiques locales). Bien entendu, les jeunes entrepreneur.e.s perçoivent des rémunérations issues de l’activité. Activité qui a été choisie pour leur garantir des revenus décents.

Concrètement les jeunes entrepreneur.e.s du Metroloco gèrent le restaurant de A à Z appuyés par un collectif d’acteurs locaux qui leur transmet expériences et outils.

Ca sert à quoi une ECJ ?

A développer le pouvoir d’agir des jeunes en leur mettant à disposition les conditions nécessaires ! Se connaitre, se faire confiance, comprendre son environnement, exprimer ses opinions, prendre des décisions, apprendre en faisant, bref s’émanciper et être acteur.trice.s de son territoire… Iban cuisinier au sein du Metroloco « Je n’aurai jamais pensé qu’on me confierait à 17 ans les clés d’un restaurant, on m’a fait confiance ».

A créer un espace de coopération sur le territoire entre acteurs publics et privés, structures de l’ESS et habitant.e.s pour construire avec les jeunes entrepreneur.e.s une activité utile socialement. Le Metroloco fédère une trentaine de partenaires qui interviennent dans les différents espaces du projet : parcours des jeunes, dynamique territoriale et déploiement de l’activité du restaurant.

A prouver qu’il est possible de développer des entreprises qui ont d’autres finalités que le profit. Le restaurant permet de démontrer qu’on peut développer dans un snack de plage, une cuisine privilégiant les circuits courts, simple, savoureuse et orchestrée par des jeunes entrepreneur.e.s dont la majorité ne connaissait pas les métiers de la restauration en démarrant l’aventure.

De jeunes bénévoles participent également à la démarche, notamment pour organiser l’animation du lieu (placette sur laquelle se situe le restaurant) et promouvoir les circuits alimentaires locaux.

Les ECJ sont, pour nous, un moyen concret d’illustrer l’ESS. C’est pourquoi nous travaillons à créer des outils autour des ECJ permettant à des enseignant.e.s et acteurs jeunesse de sensibiliser à l’ESS au travers d’un exemple concret.

Ca vient d’où les ECJ ?

Le projet est issu des dynamiques du Pôle Territorial de Coopération Economique Sud Aquitain qui réunit un collectif d’acteurs de l’ESS qui oeuvrent au développement économique et social des territoires au travers d’un processus de coopération.

Le projet ECJ est le fruit d’un groupe de travail autour des questions de jeunesse portées par le Comité de Bassin d’Emploi du Seignanx, les Résidences Habitats Jeunes Sud Aquitaine et la Coopérative d’Activités et d’Emplois Interstices.

C’est quoi le rapport avec les tiers-lieux ?

Un lieu qui permet, sur la terrasse d’un restaurant de plage, de rassembler, jeunes, touristes, habitant.es, entreprises locales, acteurs de l’ESS et collectivités, autour d’un outil tourné vers son territoire et tout ça en expérimentant un modèle hybride et qui contribue à la transformation sociale, ça ne ressemblerait pas à un tiers-lieu ?!

Donnez aux jeunes, la possibilité de montrer ce qu’ils savent faire et l’avenir sera meilleur !

Sandrine LACORNE, Interstices Sud Aquitaine

www.facebook.com/MetrolocoTarnos

wwww.interstices-sud-aquitaine.fr/restaurant-metroloco/

Coop’jeunes, Le Bouscat

Cet été 2020, une formule dérivée des Coopératives Jeunesses de Services a vu le jour sur le territoire du Bouscat / Eysines : la Coop’jeunes.

Kesako ?

Dérivée de la « Coopérative Jeunesse de Service » (CJS), la Coop’Jeunes est un projet éducatif, tout comme la CJS qui initie les jeunes au fonctionnement d’une entreprise sous format coopératif.

Du 10 juillet au 31 août 2020, huit jeunes ont créé leur petite entreprise en collectif et l’on fait vivre sur la période estivale. Ces derniers ont été de vrais entrepreneur.e.s réalisant des prestations, gérant leur activité économique (recherche des clients, facturation, encaissement, rémunération de leurs membres) et animant leur coopérative.

Leur point de départ ? Des contraintes

La difficulté à trouver un petit boulot pour l’été, s’explique notamment du fait d’être mineure, nombre d’entreprises sont frileuses à recruter des jeunes de 16 à 18 ans (questions de responsabilité, d’encadrement…), encore sans expériences. De façon conjoncturelle, certains jeunes n’ayant pas la possibilité de partir en vacances pendant la pandémie ont cherché à s’occuper près de chez eux.

Et beaucoup de potentiel

Les jeunes de la Coop’jeunes avaient une forte envie de faire quelque chose, de « ne pas rester dans la cage d’escalier à tenir le mur ». Le lien fort avec le centre social du Carroussel a su les motiver et leur donner les moyens d’agir rapidement.

L’atout de cette Coop’Jeunes, les jeunes ne sont pas partis de rien. Le Carrousel et la ville du Bouscat, forts de leur expérience de 2 CJS ont rapidement compris comment accélérer le processus vertueux des CJS avec la mise à disposition d’une partie du parc jouxtant le Carroussel pour en faire un lieu de vie et d’animation : le SPOT avec une vitrine pour la promotion des services proposés par les jeunes.

Leur point d’arrivée ?

Ils et elles ont su créer du lien social sur le site et dans le quartier avec des animations pour toutes les générations, besoin d’autant plus saillant pendant cette période sanitaire.

Ils et elles ont réalise des prestations relevant de secteurs d’activités variés : 4 animations d’anniversaire (atelier maquillage, chasse au trésor, jeux), 1 déménagement, vente de boissons, organisation de 2 événements (tournoi de FIFA au SPOT et barbecue de quartier avec animation et service), montage d’un abri de jardin, confection de mobilier de jardin en palettes, prestation d’aide à la confection de brochettes dans une boucherie, livraison de courses… pour un chiffre d’affaires de 4 464,17 € et des compétences essentielles telles que l’esprit d’équipe, la créativité, le sens du service, le jugement et la prise de décision. 

Les contraintes liées à la pandémie ne nous ont pas permis d’organiser 3 CJS en 2020 avec pour pour effet d’expérimenter plus rapidement que prévu une formule hybride, ouverte à une tranche d’âge plus large.De part la situation exceptionnelle, celle-ci a été rendue possible grâce au concourt des partenaires via la mise à disposition d’animateurs, une plus forte mobilisation des moyens internes, des soutiens financier et technique. Une suite est envisagée avec la gestion d’un espace de convivialité incluant une buvette et occasionnellement de la petite restauration dans le lieu éphémère installé dans le cadre du projet « La Marche Enchantée » à l’entrée du Bois du Bouscat et des missions de services aux habitants (animations, aide au déménagement, lavage de véhicule, etc.) et ce dès que possible.

La Coop’jeunes est co-portée par la Coopérative d’Activités et d’Emplois Coop’Alpha et le centre social du Carrousel, en partenariat avec le Prado pour l’animation avec les jeunes, les Villes du Bouscat et Eysines, la CGET, la CAF, la BPI, Bordeaux Métropole et la Région Nouvelle-Aquitaine pour les soutiens institutionnels et financiers.

Karine LABAT, Coop’Alpha

Coop’jeunes Le Bouscat / Eysines

Scop Jeunesse des 3 Cités, comment ça marche ?

Une coopérative jeunesse qu’est-ce que c’est ?

  • Une expérience collective pour développer la prise de conscience par les jeunes de leurs capacités et de leur pouvoir d’agir
  • Un projet de territoire qui crée des dynamiques collectives entre acteurs locaux

Objectifs généraux

  • Vivre une expérience concrète d’entreprise
  • Découvrir l’entrepreneuriat coopératif et l’Économie Sociale et Solidaire
  • Expérimenter l’agir et le décider ensemble
  • Prendre conscience de ses capacités et de ses compétences entrepreneuriales
  • Plus spécifiquement pour les CJM contribuer à l’inclusion des jeunes

CJS : On parle de CJS pour Coopérative Jeunes de Service plutôt à destination des jeunes mineurs.

CJM : On parle de CJM pour Coopérative Jeunes Majeurs plutôt à destination des jeunes majeurs.

La genèse du projet des 3 Cités

Ce projet a été élaboré avec un groupe de mamans du quartier des 3 Cités à Poitiers (86). Il est implicite, mais c’est mieux en le disant, que l’ensemble de la démarche est et sera co-portée, du début à la fin, avec ce groupe de mamans. Depuis mars 2018, et suite à des évènements de délinquance (braquage d’un supermarché et d’un commerce de proximité) des parents du quartier se sont associés au Centre Socio-Culturels des 3 Cités et à l’équipe de prévention ADSEA86 afin de mettre en place une stratégie collective qui vise à encadrer leurs enfants âgés de 12 à 20 ans. En effet, le principal souci évoqué par les parents est l’errance et les effets pervers de groupes des jeunes sur le quartier.

A l’initiative du CSC plusieurs réunions de concertation entre les parents et les acteurs mobilisés par la jeunesse ont été mises en place. Les parents et les professionnels se sont associés en constituant un groupe de réflexion qui sera à la maîtrise d’oeuvre du projet.

Quelques actions principales à réaliser le plus rapidement possible ont émergées. L’action phare est de permettre à ces jeunes de découvrir le monde du travail dès 16 ans, que l’argent gagné par ces jeunes soit traçable, de lutter contre l’ennui et l’oisiveté sur le quartier. Après plusieurs explorations de pistes,il s’avère que les jeunes sont entreprenants, ont des compétences enfin bien qu’âgés de 16 ans, ils souhaitent s’investir dans une activité rémunérée.

L’idée de coopérative jeunesse d’été est ressortie de ces discussions.

Des contacts ont alors été pris avec des techniciens de l’insertion professionnelle qui avaient déjà créé ce type de structure en 2017 à Châtellerault (technicienne de Grand Châtellerault).

La rencontre a permis aux mamans et aux acteurs de mesurer les contraintes administratives financières et organisationnelles adossées à ce schéma de coopérative et de constater que cela ne correspondait pas totalement aux attentes. En effet, cette forme juridique ne répond donc pas aux besoins du quartier puisque le projet des parents et de leurs enfants est de pouvoir travailler quelques heures, non pas uniquement sur la période estivale, mais toute l’année. En conséquence, pour étoffer la réflexion, le parti pris est d’associer de nouveaux partenaires tels que la Mission Locale et l’Adie pour parler concrètement emploi et création d’activité. 

Suite à des échanges avec la Coopérative d’Activités et d’Emplois ACEASCOP, c’est la coopérative jeunesse à l’année qui se révèle appropriée à la demande de tous.

La coopérative jeunesse des 3 Cités

Elle s’adressera à un public mixte de jeunes entre 16 et 25 ans. On ne peut donc spécifiquement dire que c’est une CJS ou une CJM. La Coopérative Jeune des 3 Cités s’inscrit dans le cadre juridique de l’Association des CSC des 3 Cités. Elle sera donc sous la responsabilité du CSC, mais le portage se fera en partenariat avec la Mission Locale, l’ADSEA86 et les mamans à l’origine du projet.

Les instances de la coopérative jeunesse :

1. L’équipe chantier jeunesse

Composition : administrateurs mandatés par Conseil d’Administration (CA) du CSC des 3 Cités, responsable de secteur jeune.

Rôles : suivi et accompagnement de la coopérative jeunesse, animation du COPIL.

2. Le COPIL

Composition : jeunes de la coopérative, parents à l’origine, MLI, ADSEA86, CSC, partenaires qui le souhaitent (financeurs, opérationnels, « clients »…)

Rôles : suivi global du projet, validation des grands axes de travail, vérification du respect de la philosophie générale du projet (place des jeunes, esprit de coopération, interactions jeunes/adultes, inclusion…).

Fréquence des réunions : 2 par an.

3. Le Conseil d’Administration

Composition : jeunes de la coopérative.

Animation : animateurs du CSC, chargée d’insertion de la MLI, éducatrice de l’ADSEA86.

Entrée : signature du contrat CAPE

Sortie : fin du contrat CAPE à la date d’échéance, au choix du porteur de projet, par décision de la structure porteuse.

Rôles : élection des membres des comités, élection du ou de la président.e, prise de décisions importantes concernant le fonctionnement de la coopérative.

4. Le bureau exécutif

Composition : représentants des comités.

Rôles : coordination du travail des comités, animation du CA, mise en oeuvre des décisions du CA, coordination de la mise en oeuvre des prestations (information et demande auprès des comités, organisation logistique).

5. Le comité marketing

Composition : jeunes de la coopérative élus par le CA.

Rôles : démarchage des entreprises et partenaires, prise de commande, débriefing des prestations avec les clients, communication.

6. Le comité finances

Composition : jeunes de la coopérative élus par le CA.

Responsable : le trésorier de la coopérative.

Rôles : établissement du budget, établissement des devis, établissement des factures, paiement des rémunérations des coopérateurs, réalisation du compte de résultat annuel.

Interactions : avec la comptable du CSCdes 3 Cités.

7. Le comité RH

Composition : jeunes de la coopérative élus par le CA.

Rôle : plannification des prestations, préparation des contrats, préparation des éléments pour la rémunération en fonction des prestations réalisées, accueil de nouveaux coopérateurs.

Interactions : avec la chargée de mission RH du CSC

L’accompagnement et les moyens de la coopérative jeunesse

La coopérative jeunesse est accompagnée par au moins 3 salariés issus des 3 partenaires du projet : la MLI, l’ADSEA86 et le CSC des 3 Cités. Ces 3 salariés accompagnent l’ensemble des instances définies ci-contre autant que nécessaire tout en visant la plus grande autonomie possible des jeunes.

Ils ont également la charge de veiller à l’intégration de nouveaux jeunes au sein du groupe de coopérateurs, d’analyser les compétences des jeunes et de leur éventuel besoin d’accompagnement individuel.

Le déroulé d’une mission type

  • Etape 1 : Réception mail client (Comité marketing)
  • Etape 2 : Prise de rendez-vous avec le client, rendez-vous avec le client (Comité marketing)
  • Etape 3 : Etablissement du devis (Comité finances)
  • Etape 4 : Organisation de la prestation (Comité exécutif)
  • Etape 5 : Etablissement des contrats CAPE (Comité RH)
  • Etape 6 : Réalisation de la prestation (Les coopérateurs missionnés)
  • Etape 7 : Communication sur la prestation (Les coopérateurs missionnés et/ou le comité marketing )
  • Etape 8 : Etablissement de la facture (Comité finances)
  • Etape 9 : Organisation de la répartition financière (Comité finances)
  • Etape 10 : Réalisation du bilan (Comité marketing et comité exécutif)

Le contrat CAPE : contrat d’appui au projet d’entreprise

Le contrat CAPE n’est pas un contrat de travail. Il est signé pour une durée de 12 mois renouvelable 2 fois (donc 36 mois maximum). Il est signé par l’Association des CSC des 3 Cités.

Nicolas PETITJEAN, Centre Socio-Culturels des 3 Cités

Article extrait de la Revue sur les tiers-lieux #7.

Appel à contribution

Notre travail vous est utile et vous aimeriez le soutenir ? Vous pouvez adhérer au réseau à prix libre et ainsi, consolider avec nous le développement et la pérennisation des tiers-lieux.

Vous en voulez encore ?